L’AISLF inaugure Les Rencontres de la sociologie francophone, un rendez-vous intermédiaire qui se distingue à plus d’un titre de ses congrès habituels. Au lieu d’être impulsées par le bureau autour d’une thématique fédératrice, les Rencontres misent sur les initiatives de ses CR et de ses GT, appelés à concevoir et animer des chantiers de réflexion et des sessions libres sur leur dymanique scientifique. L’esprit des Rencontres favorise la mise en débat des enjeux internes de la sociologie plutôt qu’une réflexion sur les problèmes que la transformation des sociétés contemporaines pose à notre discipline.
Pensées dans un « esprit forum », les Rencontres accordent également une place de première importance aux espaces de discussion avec la société civile, autour de questions qui taraudent nos sociétés : l’écologie, le genre, la justice sociale, les inégalités, l’économie informelle… Cette volonté de dialogue vise à renforcer l’ancrage des sociologues dans la vie de la Cité, à les rendre plus attentifs aux opinions qui structurent le débat public, tout en leur donnant l’occasion de partager le regard particulier que leur discipline porte sur ces questions.
Les Rencontres ménagent enfin une large place à la formation des chercheur·e·s émergent·e·s, doctorant·e·s et post-docs, notamment à l’apprentissage de compétences pratiques, dont le métier de sociologue suppose la maîtrise, mais que les parcours universitaires ont rarement l’occasion d’aborder.
Dans leur première édition qui aura lieu à Sfax du 24 au 28 octobre 2022, le choix du lieu n’est pas indifférent. Les Rencontres mettent la focale sur les rapports entre Nords et Suds au sein de la francophonie sociologique et s’interrogent sur les enjeux inhérents au développement de la discipline à l’aune de ces rapports, la francophonie étant pensée à la fois comme un espace fédérateur et un espace en tension. Conférences plénières et tables-rondes viendront éclairer les contraintes qui pèsent sur la circulation des savoirs sociologiques entre Nords et Suds, les difficultés de valorisation des épistémologies produites au Sud et leur visibilité limitée à l’échelle globale. Elles aborderont les conditions d’apprentissage et d’exercice du métier de sociologue et les problèmes de financement de la recherche dans les pays les moins dotés, les tensions éthiques liées aux contextes économiques ou politiques difficiles, sans oublier les formes d’hégémonie linguistique qui vont de pair avec l’internationalisation des institutions universitaires.
Les correspondant·e·s et responsables des CR et GT sont invité·e·s à se saisir de ce cadre innovant pour mettre en chantier des objets de réflexion qui leur tiennent à cœur et pour contribuer à la formation de la relève sociologique dans l’espace francophone aux compétences et aux savoir-faire qui leur semblent importants de transmettre.
Imed MELLITI, président de l'AISLF